Fini les vacances - prenons le temps de s'ennuyer !


Et oui, l'été est fini, le travail et l'école reprennent et le rythme effréné va nous conduire maintenant jusqu'aux prochaines vacances... Plus le temps de s'ennuyer!

Mais non, justement, il faut prendre un peu de temps pour s'ennuyer! Puisque l'ennui, paraît-il,  est bénéfique pour la créativité et le bien-être général. Il se fait que ces derniers jours, je suis tombée par hasard sur plusieurs podcasts au sujet de l'ennui. Voici l'un de France Culture dans le Tour du mondes des idées sur le sujet "L'ennui, très tendance" ou celui de TED Talks en anglais "How boredom can lead to your most brilliant ideas" 

Se basant sur les dernières recherches sur le sujet, notamment celles du Dr Sandi Mann, une psychologue britannique, on dit que l'ennui ressenti quand nous n'avons rien à faire, par exemple en attendant, ou dans des moments d'activités répétitives et monotones, nous fait basculer en parti du conscient vers l’inconscient, ce qui produit des connections différentes dans notre cerveau et stimule la création, fait naître des idées nouvelles, pousse même vers une meilleure productivité. Il s'agit ici d'un état particulier de non-faire et non-être, et non pas d'oisiveté ou de paresse. Ces moments  que nous essayons de remplir à tout prix en s'accrochant en dernier recours à nos téléphones ou tablettes sont donc très précieux et devraient être cultivés. 

J'avoue que, sans connaître ces recherches tendances, quand il m'arrive de me retrouver par la force des choses à "ne rien faire", par exemple, dans les transports ou en marchant, ou même quand je lave la vaisselle, l'esprit commence aussitôt à vagabonder et une petite fenêtre de temps s'ouvre, autorisant à rêver, à inventer des histoires, à peindre des nouveaux tableaux dans la tête. Finalement, je ne regrette pas de telles parenthèses et je ne les ai jamais considérées comme du temps perdu. Et puis, l'esprit plein de nouvelles idées, je les note dans mon carnet de croquis et elles attendent leur tour pour être peintes.

Recherchons donc ces moments précieux de non-faire qui mènent vers la contemplation intérieure, laissons de côté nos téléphones, tablettes, remplissage inutile du temps, et vive l'ennui!

Je lis actuellement un livre d'un auteur japonais, Natsumé Sôseki "Oreiller d'herbes", et j'apprécie beaucoup son écriture poétique et contemplative ainsi que le cheminement et les réflexions du personnage, un peintre parti à la recherche de l'impassibilité. Et voici que dans les premières pages je retrouve cette même idée de la capacité à transformer l'ennui en contemplation, en poésie, en art et en art de vivre pleinement chaque instant : 
Ce qui débarrasse de tout ennui ce monde, où il est difficile de vivre, et projette sous vos yeux un monde de grâce, c'est la poésie, c'est la peinture. Ou encore, c'est la musique et la sculpture. Pour être exact, il ne s'agit pas de projeter le monde. Il suffit d'y poser son regard directement, c'est là que le chant s'élève. Même si l'idée n'est pas couchée par écrit, le son du cristal résonne dans le cœur. Même si la peinture n'est pas étalée sur la toile, l'éclat des couleurs se reflète dans le regard intérieur. Il suffit de contempler le monde où l'on vit, et de contenir, avec pureté et clarté, dans l'appareil photographique de l'esprit, le monde d'ici-bas, futile et chaotique. C'est pourquoi un poète anonyme qui n'a pas écrit un seul vers, un peintre obscure qui n'a pas peint une seule toile, sont plus heureux qu'un millionnaire, qu'un prince, que toutes les célébrités du monde trivial, car les premiers savent observer la vie, peuvent s'abstraire de toute préoccupation, sont en mesure d'entrer dans le monde de la pureté, de construire l'univers unique et de balayer les contraintes de l'égoïsme.  





Commentaires

Articles les plus consultés